L’Assemblée Générale du GDS de l’Orne

L'Assemblée Générale du GDS s'est tenue à Saint-Denis-sur-Sarthon, au domaine de la Touche.

L’Assemblée Générale du GDSCO s’est tenue mardi 19 avril 2015 à Saint-Denis-sur-Sarthon.

Les membres du bureau du GDS, le président M. GUÉRIN, le directeur M. DELAFOSSE ainsi que plusieurs autres intervenants ont présenté aux 90 invités et délégués sanitaires présents la situation sanitaire de 2014 ainsi que les projets d’actions à venir.

Thierry HETREAU, auteur de l'adaptation française du livre "Signes de Vaches".
Thierry HETREAU, auteur de l’adaptation française du livre « Signes de Vaches ».

Les rapports financiers (compte de résultat et bilan 2014) ont été détaillés par Mme VOISIN, trésorière du GDS.

Le rapport moral d’orientation, consultable ci-dessous, a été présenté par M. GUÉRIN.

M. CHALLEMEL DU ROZIER, directeur-adjoint à la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations de l’Orne est également intervenu.

L’assemblée générale extraordinaire s’est conclue sur une intervention de Thierry HETREAU, vétérinaire et éleveur au centre d’élevage de Poisy dans la Haute-Savoie, qui détaillait une manière d’évaluer la santé d’un troupeau bovin par l’observation de « signes » : manière de manger, de marcher ou de socialiser des bovins ; autant d’indications sur le bien-être et l’état sanitaire de l’élevage.

Un repas a enfin permis aux invités d’échanger sur les thèmes débattus.

 


 

Rapport Moral et d’Orientation

 

Mesdames et Messieurs les :

  • Conseillers généraux,
  • Présidents et directeurs des Organisations Professionnelles Agricoles,
  • Représentants de l’Administration,
  • Présidents et directeurs des G.D.S. voisins,
  • Vétérinaires sanitaires,
  • Délégués sanitaires.

La tuberculose reste malheureusement d’actualité dans bien des régions. J’échangeais dernièrement avec le président du GDS de la Côte-d’Or et je peux vous assurer que leur situation n’est pas enviable : certains élevages ont déjà été contaminés à 4 reprises et les éleveurs ne voient pas le bout du tunnel ! Dans ce département, la tuberculose monopolise toute l’énergie et les moyens du GDS et les autres maladies, moins prioritaires, doivent attendre.

La sécurité sanitaire est indispensable pour exercer notre métier d’éleveurs en toute sérénité. C’est une évidence mais on a tendance à l’oublier quand tout va bien ! Protégeons-nous !

Pour cela, il faut acheter des animaux sains et, si un doute persiste, faire réaliser un contrôle tuberculinique même lorsque cela n’est pas obligatoire.

La protection passe aussi par des mesures de contrôle plus approfondies lorsque des animaux sont suspectés à l’abattoir, après un test tuberculinique ou en cas de lien avec un cheptel infecté.

La DDCSPP prend alors un arrêté de mise sous surveillance procédure qui entraine une période de blocage plus ou moins longue pour l’éleveur concerné. Cette mesure est pénalisante mais elle est indispensable pour conserver notre statut sanitaire. Certains éleveurs bloqués en 2014 pourront être indemnisés par le Fonds de Mutualisation Sanitaire des GDS (FMS) et la section « ruminants » du FMSE, gérée par les GDS, prendra le relais à partir de 2015.

Le blocage des élevages est parfois mal vécu mais le laxisme serait la pire des solutions : nous y gagnerions probablement à très court terme mais une catastrophe économique nous attendrait au bout du chemin. L’Orne ne conservera son excellent statut au regard de la tuberculose qu’avec la vigilance et l’implication de 3 partenaires du fameux trépied sur lequel s’est construit notre modèle sanitaire ; éleveurs, vétérinaires et services de l’Etat ; Soyons-en tous convaincus !

La maladie de Schmallenberg semble s’installer durablement sur notre territoire et il est probable que nous aurons, à l’avenir, des cas sporadiques. Le GDS s’implique dans la surveillance en prenant en charge 100% du coût des analyses en cas de suspicion sur un avorton.

L’éradication de l’IBR progresse encore cette année avec seulement 0,6% d’animaux positifs et vaccinés dans notre département. Cette évolution favorable est la récompense de nos efforts et c’est un atout non négligeable pour l’économie de l’élevage ornais qui peut ainsi exporter au meilleur prix sa génétique et même ses broutards.

Notre fédération nationale affiche maintenant sa volonté d’éradiquer l’IBR. C’est donc un objectif partagé par tous, ce qui nous aidera à progresser si des mesures plus drastiques sont prises, par exemple l’interdiction de commercialiser pour l’élevage ou l’engraissement des positifs.

Dans l’Orne, nous atteindrons bientôt le fond du seau, soit une vingtaine d’élevages fortement infectés et pas suffisamment rigoureux pour réussir l’assainissement. Il faudra bien qu’ils acceptent complètement la règle commune et je demanderai l’appui de la DDCSPP, si nécessaire, car l’IBR est une maladie réglementée. Déplaire à quelques-uns ne doit pas nous arrêter quand il s’agit d’œuvrer pour l’intérêt général.

Atteindre l’assainissement sera un succès, le conserver sera notre mission quotidienne ! L’année 2014 le montre clairement avec 18 nouveaux cheptels infectés dont 6 dans le même canton. Ces 6 cas sont très probablement liés, avec au départ une contamination par un atelier d’engraissement dérogataire puis une propagation dans le voisinage.

Les transports non sécurisés sont une autre source de contamination : les broutards que vous achetez sont bien indemnes d’IBR sur les cartes mais que vaut cette garantie s’ils ont été mélangés avec d’autres animaux au statut plus incertain ?

Pour mieux maitriser ce point, le GDS exige maintenant que la prise de sang d’achat soit réalisée entre 15 et 30 jours après l’introduction du bovin si le transport n’a pas été sécurisé. Il faut changer nos habitudes…….et ne pas oublier la quarantaine pour préserver nos cheptels si la prise de sang réagit.

La lutte contre la BVD est d’actualité en Europe et plusieurs pays conduisent des programmes d’éradication. En France, la maladie a été classée comme danger sanitaire de niveau 2 et sera probablement réglementée à l’avenir. Nous pourrons ainsi demander la généralisation du contrôle à l’introduction et, pourquoi pas, de l’assainissement des cheptels infectés qui constituent le réservoir du virus. Nous porterons cette demande, avec les autres GDS normands, auprès de nos Comités Régionaux d’Orientation de la Politique Sanitaire Animale et Végétale (CROPSAV).

Notre GDS a anticipé cette évolution en lançant, dès 2003, un programme de maîtrise du virus BVD dont l’efficacité vous a été présentée dans le rapport technique. En 11 ans, nous avons divisé par 2 la proportion d’élevages ornais infectés et il n’en reste que 5 à 10%, ce qui rend possible une éradication à moyen terme. L’éradication est un objectif que les éleveurs qui ont subi un épisode de BVD partagent car les pertes sont importantes et la crainte d’une nouvelle contamination toujours présente. Pour y arriver, il faudra de la volonté et des moyens financiers : ça ne dépend que de nous !

Nous nous sommes engagés, depuis 2012, dans un autre chantier de grande ampleur : une véritable action de maitrise collective de la paratuberculose bovine.

Tous nos cheptels sont suivis grâce à des indicateurs « troupeaux » qui permettent d’évaluer le niveau d’infection avec 2 objectifs : 1 – tarir le réservoir de la maladie en assainissant les cheptels infectés et 2 – éviter la contamination de nouveaux cheptels en valorisant le statut des cheptels sains par des attestations utilisables lors des transactions. Ce plan de maitrise de la paratuberculose est novateur, ambitieux et……coûteux. Nous devons continuer à l’améliorer pour maitriser le budget que nous consacrons à cette maladie.

Je n’oublie pas les autres sections du GDS – porcine, ovine et caprine, apicole et équine – qui font preuve, en toute indépendance, d’un dynamisme remarquable. Loin d’être un handicap, cette diversité des productions nous renforce. Enfin, je n’évoquerai pas les autres actions du GDS qui vous ont été présentées dans le rapport technique. Nous entendons les poursuivre et les amplifier au service des éleveurs.

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En conclusion, j’aborderai une nouvelle fois le schéma de la gouvernance sanitaire. Nous travaillons aujourd’hui en Basse-Normandie mais la réunification est programmée et il faudra bientôt envisager notre action à l’échelle de la Normandie, ce qui ne devrait pas poser de difficulté au regard des excellentes relations de travail qui existent déjà entre les 5 GDS normands. Notre fédération régionale a été officiellement reconnue, le 30 mars 2014, comme Organisme à Vocation Sanitaire (OVS) multi-espèces. Nous constituons actuellement des sections régionales par espèces pour permettre une représentation équilibrée des productions et des éleveurs. La prochaine étape sera la constitution de l’Association Sanitaire Régionale (ASR), structure fédérative d’OVS ouverte à tous les partenaires qui œuvrent dans ce domaine et qui rapprochera le monde animal et le monde végétal. L’ASR sera en quelque sorte le parlement de la politique sanitaire pour les dangers de niveau 2 : elle étudiera les projets de réglementation avant de les soumettre à la validation de l’Etat.

C’est un schéma complexe qu’il faudra faire vivre mais il est intéressant pour les producteurs qui se retrouvent au cœur du processus de décision.

Je voudrais particulièrement remercier le Conseil Général pour l’intérêt qu’il porte à la santé du cheptel Ornais. Je remercie également l’ensemble des partenaires – DDCSPP, vétérinaires praticiens, organisations professionnelles – avec lesquels nous collaborons fructueusement depuis de longues années.

Enfin, j’adresse mes plus vifs remerciements à l’équipe du GDSCO et de sa filiale, sans oublier mes collègues administrateurs.

 

Philippe GUÉRIN,
Président du GDSCO